La Médée de Corneille représentée au Palais des rencontres de Château-Thierry
par la Compagnie La Lumineuse(dir. Fl. Beillacou) le 24 mai 2019
Impressions sur le vif
C’est d’abord la beauté plastique du spectacle qui frappe, et qui s’imprime dans la mémoire. Ors et miroirs, lumières tremblantes, gestuelle quasi chorégraphique, ponctuations musicales bouleversantes, tout concourt à faire de cette histoire, atroce, un moment saisissant de grâce et de violence mêlées. On est ensuite conquis par l’inventivité de la mise en scène, en même temps que par sa limpidité : de véritables trouvailles, très simples et très belles, permettent d’évoquer la sorcière dans son antre, la destruction du palais royal, le feu dévorant le roi injuste et la rivale haïe. Le jeu des comédiens enfin paraît à la fois souple et puissant : la diction et la gestuelle baroques, en canalisant et en contenant la violence des personnages, l’intensifie, jusqu’à l’explosion. Pauline Belle fait ressortir toute la complexité de cette Médée cornélienne : flamboyante de rage et d’orgueil blessé, tenant tête héroïquement à la tyrannie comme au destin, mais prise de vertige aussi devant l’étendue de sa puissance destructrice, et assumant au dénouement, avec une lucidité effrayante et magnifique, le désastre libérateur qu’elle a provoqué.
Myriam Dufour-Maître et Liliane Picciola,
CEREdI et Mouvement Corneille